1994, suite à l’assassinat du Président rwandais, les affrontements inter-ethniques qui éclatent au Rwanda laissent place à un génocide et à une première vague de réfugiés qui entrent en République Démocratique du Congo par le Kivu. Au cours de la même année, les opposants rwandais prennent le pouvoir. Les vaincus, armés jusqu’aux dents, s’enfuient et forment la deuxième vague de réfugiés qui s’installent en RDC ; et ce, toujours par la même entrée : le Kivu.
1996, des opposants longtemps en exil attaquent le pays par le Kivu afin de chasser du pouvoir le Président en place et, soutenu par le Rwanda, par la même occasion, éliminer la menace que représente les génocidaires ; eux qui ont fait de la RDC, alors Zaïre, une base arrière.
1998, après de brefs instants de joie et de fraternité, les belligérants divorcent et une nouvelle vague de combat retentit en République Démocratique du Congo.
La deuxième guerre du Congo vient de commencer. Elle donnera naissance à la tristement célèbre Guerre du Kivu.
Depuis quelques années, la guerre n’est plus au cœur du Kivu, mais demeurent aux alentours ; et pourtant…
Il y a belle lurette que la réputation du Kivu s’est transformée en un ying totalement noir et irréversible. Oui, il suffit de suivre les médias internationaux et même nationaux qui ne parlent du Kivu que lorsque le son de la guerre gronde un peu plus fort, ou quand un ambassadeur se fait assassiner afin de rajouter une couche de goudron sur toute cette région instable en proie aux groupes armés, enlèvements, éruptions volcaniques et tremblements de terre ; et pourtant…
Il y a bel et bien un yang qui subsiste, qui ne meurt pas et qui fera, peut-être, naître le Kivu paisible et juste de demain.
En parlant de ce yang, nous voulons parler de Joel Tembo, ALUMNI du programme YALI 2014, qui s’installe à l’Est et fonde Kivu Entrepreneurs. Un incubateur qui offre un cadre de travail aux jeunes entrepreneurs et un coaching sur-mesure pour le développement de leurs projets de business. Il a à son actif plus de 500 personnes formées, plus de 400 plans d’affaires développés, plus de 100 entreprises accompagnées en 6 ans d’existence.
Nous voulons parler du Challenge Entreprise organisé par la Fédération des Entreprises du Congo à travers sa Commission Nationale Petites et Moyennes Entreprises et qui connaît une participation extrêmement marquée des entrepreneurs du Kivu. En 2022, un tiers des Prix ont été remportés par le Kivu. En 2023, les candidatures, s’élevaient à une dizaine pour le grand Katanga, un peu plus de soixante dossiers pour Kinshasa pendant que le Kivu caracolait à plus de cent-vingt inscriptions.
Nous voulons parler de Faysal Madjaliwa, CEO et Fondateur de Faysal Company qui est une startup évoluant dans la fintech et qui offre des solutions informatiques intelligentes et interactives. Concepteur de l’application mobile Tap & Pay, qui permet d’effectuer diverses opérations à moindre coût grâce à une carte magnétique.
Nous voulons vous parler de l’Ingénieur Promesse Sikitoka, CEO de Kivu Paper Bags ; une entreprise qui s’occupe de la production d’emballages biodégradable à base de papier kraft. Créée en 2018, elle a su produire plus de 12 Tonnes d’emballages écologiques qui ont été commercialisé, excepté Goma, à Bunia, Bukavu, Kindu et Kinshasa.
Nous voulons également vous parler de Rosine Shamirindi qui dirige la startup Kivu Foods et Fruits. Incubée de Kivu Entrepreneurs, cette agro-industrie, qui travaille avec des coopératives agricoles, intervient dans la transformation et le conditionnement des bananes plantain et du manioc offrant ainsi de bons produits tant pour les nourrissons que pour les femmes enceintes et allaitantes.
Il y en a tant d’autres de ces entrepreneurs évoluant au Kivu qui sont et doivent être une source d’inspiration pour toute personne qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat. Et même pour les jeunes entrepreneurs que nous sommes et qui pensons que les conditions d’un écosystème entrepreneurial propice à la croissance de nos activités ne sont pas réunies.
La capacité des entrepreneurs du Kivu à surmonter les grandes difficultés auxquelles ils font face et à s’épanouir en présence des grands risques qui les entourent est tout ce qu’il y a de plus encourageant pour une nouvelle classe d’entrepreneurs qui font du Congo un pays plus beau qu’avant.
L'Entrevue
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